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Cybersécurité

Briser le silence numérique : l’avant-première de « Harcèlement 2.0 : Résilience des Africaines connectées » en exclu à Wenak

  • Succès Djimtebaye
  • 17, May 2025

N’Djamena, 17 mai 2025. Il est 9h30. Dans l’intimité feutrée comme dans une salle de cinéma, un vent de courage souffle. Cette matinée-là, la salle est comble. L’atmosphère est chargée d’émotion. Un public attentif et engagé assiste à la première projection du documentaire « Harcèlement 2.0 : Résilience des Africaines connectées », un film puissant réalisé par Aché Ahmat Moustapha, qui met en lumière une réalité trop souvent reléguée au second plan ou trop méconnue : le cyberharcèlement vécu par les femmes africaines.


Dès l’ouverture de la journée, les mots de Fadoul Hissein Abba, Directeur des Opérations à WenakLabs résonnent avec douceur, introduisant la bande-annonce puis la projection d’un film de 75 minutes d’une intensité rare. Les regards sont figés, les souffles retenus : le silence dans la salle en dit long sur la force du propos. Entre témoignages bouleversants, visages marqués et analyses fines, le film lève le voile sur une violence insidieuse mais dévastatrice, trop longtemps confinée au silence des écrans. Une mission alignée avec l’engagement de WenakLabs pour un numérique responsable et inclusif.


Plus de 100 personnes en présentiel et une dizaine en ligne ont assisté à cette projection inédite, marquée par une émotion palpable, mais surtout par une prise de conscience collective. Car ce documentaire ne se contente pas de montrer l’horreur : il montre la résilience, la capacité de ces femmes à se relever, à s’exprimer, à résister.


Au cœur de cette œuvre éloquente et pertinente, des voix s’élèvent : celles des journalistes, sociologues, psychologues, activistes, leaders d’opinion, ou simplement de femmes connectées, victimes d’attaques en ligne. À travers elles, le spectateur découvre l’impact profond, psychologique, social, professionnel de ces agressions numériques, mais aussi la dignité avec laquelle elles se relèvent.


La réalisatrice, elle-même ancienne victime de cyberharcèlement, a pris la parole avec émotion. Son témoignage était authentique, porté par la douleur, mais aussi par une force admirable. Son engagement personnel a profondément touché l’auditoire. Chaque mot faisait écho. Chaque silence pesait. Les applaudissements nourris, à chacune de ses interventions, en disaient long sur l’impact de sa prise de parole.


La discussion qui a suivi la projection du film a permis d’élargir la réflexion. C’est ainsi que M. Fabrice Hequet, expert en cybersécurité et membre de l’équipe du film, a rappelé une vérité essentielle : « L’évolution technologique ne freine pas les risques ; elle les amplifie plutôt. D’où l’urgence d’outils adaptés, d’éducation numérique et de vigilance collective. »


Dans le même élan, Mariusca la Slameuse, protagoniste du film, a lancé un appel direct : « Briser le silence, c’est briser l’impunité. Rester muet face au cyberharcèlement, c’est être complice. »


Quant à Epiphanie Dionrang, présidente de la Ligue Tchadienne des Droits des Femmes et l’une des actrices du film, elle a pointé du doigt l’absence criante de cadre juridique au Tchad : « Ce film est un outil de plaidoyer. Il faut agir maintenant et non attendre que le drame ne touche notre sœur, notre amie, notre collègue, avant de réagir. »


Faut-il le rappeler, l’événement a également réuni des acteurs institutionnels de premier plan. Le Ministre, Secrétaire d’État aux Finances, M. Ali Djadda Kampard, a salué l’initiative en déclarant : « Ce documentaire constitue un levier essentiel pour impulser des politiques publiques fortes. Dans le cadre de ses missions régaliennes, le gouvernement a déjà élaboré plusieurs textes juridiques en ce sens et poursuit ses efforts pour lutter efficacement contre le harcèlement dans le cyberespace… »


Un message renforcé par M. Brahim Bechir Mourtalla, Directeur de législation à la Présidence, dont l’intervention, à la fois personnelle et percutante, a marqué les esprits : « En tant qu’utilisateur des réseaux sociaux, je réalise aujourd’hui la gravité du cyberharcèlement. Ce film m’a touché au plus profond. Je m’engage à être un acteur du changement et à lutter pour cette cause noble ».


Entre dénonciation et espoir, le « Harcèlement 2.0 » ne se limite pas à dénoncer. Il analyse les racines profondes du phénomène : normes sociales patriarcales, silence culturel, vide juridique, mais aussi responsabilité des plateformes numériques. En croisant les dimensions socioculturelles, religieuses, juridiques et technologiques, il propose une lecture complète, accessible et lucide.


Mais surtout, il donne de l’espoir. L’espoir que la parole libérée change les mentalités. L’espoir que les décideurs prennent leurs responsabilités. L’espoir que chaque citoyen se sente concerné.


Pour que ce message touche encore plus de monde, des voix se sont élevées pour appeler à une traduction en langues locales et en arabe. Un pas nécessaire pour rendre ce plaidoyer audible par toutes et tous, dans un pays pluriel.


Car le cyberharcèlement n’est pas une fatalité. Il est un fléau que nous pouvons combattre à condition d’unir nos forces. Ce combat dépasse le cadre de l’écran : il se joue dans les écoles, dans les lois, sur les réseaux sociaux, et dans chaque prise de parole publique.


C’est pourquoi, il ne suffit pas de compatir. Il faut agir. Par l’éducation, par la loi, par la solidarité. Le cyberharcèlement ne doit plus être un sujet tabou. Il est un enjeu de société, un défi de notre époque, un combat pour la dignité et l’humanité.


Briser le silence, c’est déjà commencer à guérir.

Et ce film en est la preuve !


Article rédigé par Succès Djimtebaye







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